Une observation effectuée après
agrandissement à un facteur 12, réalisée au Straus Center for Conservation
(Harvard University Museums), indique que la signature a été ajoutée après
séchage de la peinture, et après la formation de craquelures. Toutefois, cette
analyse ne concerne que la première partie de la signature, le prénom Berthe. De façon indéniable, les lettres
B et r recouvrent des fissures importantes, préexistantes à leur
écriture (fig. 4.1). D’un autre côté, le nom Morisot, observé après agrandissement à un facteur 10, comporte
deux craquelures qui semblent s’être formées après que la signature a été
apposée sur la toile. La première, qui se trouve sur la lettre M (fig. 4.2),
est relativement nette, à l’exception de deux grains de pigment sableux qui
semblent s’y être glissés. La seconde apparaît au niveau de la lettre i, mais elle ne peut être observée au
niveau de grossissement utilisé.
Il n’a pas été possible de préciser le
laps de temps qui s’est écoulé entre le séchage de la peinture et l’ajout de la
signature. Celle-ci a été effectuée avec un pigment jaune à fort grain, presque
sableux, qui n’apparaît nulle part ailleurs sur la toile.
C’était une habitude chez Berthe Morisot de ne pas signer ses œuvres
(voir l’e-mail d’Anne Higgonet
plus loin) ; un cachet de succession a d’ailleurs été apposé sur la
plupart de ses toiles après sa mort, si bien que le fait que ce tableau ait été
signé un certain temps après avoir été achevé est plutôt un argument en faveur
de son authenticité. En outre, le choix d’un pigment et d’une couleur
inhabituels semble indiquer que la toile a été signée pour la convenance d’un
éventuel acheteur, et que le peintre a utilisé pour ce faire le premier pigment
disponible. Une autre œuvre, Bateaux à l’aube a été
signée en rouge, alors que cette couleur n’apparaît nulle part ailleurs sur la
toile.
Pour information, un échantillon de
signatures authentifiées réalisées à la peinture est présentée (fig 4.3 et
suivantes).
L’avis des experts
Après analyse de la toile, Yves Rouart ne conteste pas la signature.
Gilles Perrault note la présence
de vernis dans l’angle inférieur droit de la toile, là où a été ajoutée la
signature, ce qui n’a pas d’incidence car la peinture à cet endroit est
manifestement fort ancienne.
Figure 4.1 – Souvenir des
bords de l’Oise, détail du prénom
Figure 4.2 – Souvenir des bords
de l’Oise, détail du nom
Figure 4.3 – Souvenir des
bords de l’Oise, prénom et nom
Figure 4.4 – Dans le jardin à
Maurecourt, vers 1883
Figure 4.5 – Jeune femme sur
un banc, 1872
Figure 4.6 – Femme assise au
Bois de Boulogne, 1885
Figure 4.7 – Deux femmes
assises, vers 1869-1875