La toile a été analysée par le Straus
Center for Conservation (Harvard University Museums). On a en particulier
recherché la trace de titane dans le pigment blanc, et pour ce faire, un examen
aux ultraviolets a été mené ; par ailleurs, la marque de fabricant
imprimée sur le cadre, au verso de la toile, a été photographiée aux
infrarouges.
Aucune trace de titane n’a été trouvée,
et le cadre provient de façon certaine d’un négociant parisien en fournitures
pour artistes. L’examen aux ultraviolets a révélé plusieurs zones de retouches.
Les résultats fournis par le Straus
Center for conservation figurent en annexe 5.1.
Les remarques du professeur Anne
Higgonet dans le rapport d’analyse
Le Straus Center for Conservation a
choisi de faire appel au professeur Anne Higgonet,
expertise que ne prévoyait pas le contrat initial. Les remarques de celle-ci ne
vont pas dans le même sens que les éléments scientifiques évoqués dans la
conclusion du rapport. Lors d’un entretien ultérieur avec Anne Higgonet, nous avons abordé la question
de la réalisation de la toile, et des preuves de l’endroit où elle a été
exécutée. Le professeur a déclaré que la toile pouvait être de Berthe Morisot, mais que l’on ne disposait pas
d’un ensemble suffisant de toiles de cette période qui pourrait servir de base
à des comparaisons. Cependant, de son propre aveu, elle n’est pas une
spécialiste de la signature de Berthe Morisot,
et s’en remet sur ce point à l’expertise d’Yves Rouart.
Il est intéressant de noter que les
remarques d’Anne Higgonet à propos
de la petite taille et de la rapidité d’exécution de Souvenir des Bords de l’Oise sont en parfaite concordance avec les
commentaires d’Edmond About, après
que celui-ci a vu la toile en 1864 (voir Le style et la description). A cent
trente-sept ans d’écart, le critique d’art et le professeur d’histoire de l’art
emploient les mêmes termes pour décrire un même tableau !
Quant aux commentaires d’Anne Higgonet sur la signature et le fait que
Berthe Morisot a, selon toute
probabilité, signé sa toile en vue de son exposition au Salon, nous n’avons pas
de certitude absolue. Teri Hensick
affirme qu’il est impossible de préciser quel laps de temps s’est écoulé entre
l’achèvement de la toile et l’ajout de la signature. On peut penser soit que la
signature a été effectuée neuf mois plus tard, mais avant le Salon (une fois
reçue l’autorisation d’y participer), soit que la toile n’était pas signée à
l’époque du salon, comme Gilles Perrault
tend à le croire (voir l’avis de l’expert au chapitre Le style et la
description).
Observation aux rayons X
Sur les recommandations d’Yves Rouart, la toile a été observée aux
rayons X par Gilles Perrault, du
Laboratoire d’analyses d’objets d’art. Aucune image ni peinture n’apparaît sous
la peinture définitive.